L’investissement dans les infrastructures essentielles et fondamentales au fonctionnement de l’économie constitue un catalyseur de la productivité, de la croissance et de l’amélioration du bien-être de la société. Pourtant, les économies développées d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale ont sous-investi dans les infrastructures pendant de nombreuses années. Depuis la crise financière mondiale, les investissements dans les infrastructures ont diminué en pourcentage du PIB dans 11 des économies du G20, malgré des lacunes flagrantes et des années de débat sur l’importance de consolider les systèmes fondamentaux. L’ancien secrétaire au Trésor américain, Larry Summers, a qualifié la décennie qui a suivi la grande crise financière de période de stagnation séculaire, due à une croissance molle, à des taux d’intérêt bas et à l’absence d’inflation. Selon lui, la cause en est l’absence d’investissements publics dans les infrastructures, qui dépassent l’amortissement, ce qui signifie qu’il n’y a pas eu d’investissement net du tout. Des années de sous-investissement chronique ont maintenant rattrapé les pays du monde entier. Si ces écarts continuent de se creuser, ils pourraient éroder davantage le potentiel de croissance et la productivité futurs. Dans un rapport publié en 2016, McKinsey estime que le monde doit investir environ 3,8 % du PIB, soit une moyenne de 3 300 milliards de dollars par an, dans l’infrastructure économique simplement pour soutenir les taux de croissance futurs prévus1.
Une grande partie des infrastructures dont nous dépendons dans nos centres urbains sont encore utilisées au- delà de leur durée de vie utile. L’American Society of Civil Engineers estime que la durée de vie moyenne des infrastructures physiques est d’environ cinquante ans. Beaucoup de choses peuvent changer au cours de cette période. Au cours des cinquante dernières années, la population américaine a augmenté de 59 % et le PIB (corrigé de l’inflation) de 272 %. D’innombrables innovations ont vu le jour et ont facilité la vie moderne, mais les routes, les aéroports, les réseaux d’égouts et d’eau sont toujours utilisés des décennies après la fin de leur durée de vie prévue et sont vieillis et en train de se dégrader. Le changement climatique a aggravé le processus de dégradation. Au cours des 50 dernières années, la température mondiale a augmenté en moyenne de 0,13 °C par décennie, soit presque deux fois plus vite que l’augmentation de 0,07 °C par décennie observée au cours du demi-siècle précédent. Le monde a connu son mois d’août le plus chaud depuis au moins 174 ans, ce qui augmente les chances que 2023 soit l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées. À mesure que les conditions météorologiques s’aggravent, les anciennes vulnérabilités continuent de s’aggraver et de nouvelles apparaissent.
Compte tenu des exigences d’une population plus nombreuse, d’une productivité accrue et d’un climat plus rigoureux, il est incompréhensible que nous ayons choisi de différer le remplacement de biens publics essentiels. La raison souvent invoquée pour différer les dépenses d’infrastructure est l’explosion de la dette nationale, mais M. Summers a souligné qu’une augmentation de 1 % seulement des dépenses d’infrastructure stimulerait en fait la croissance du PIB, de sorte que le rapport entre la dette et le PIB diminuerait.
Bien qu’il s’agisse d’un domaine où les besoins sont criants depuis de nombreuses années, aucune mesure significative n’a été prise pour combler le déficit d’infrastructures au niveau national jusqu’à ce que le président Biden adopte, en novembre 2021, la loi sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi (Infrastructure Investment and Jobs Act) visant à renouveler les infrastructures existantes au cours de la décennie à venir. Le projet de loi est censé combler les lacunes connues en matière d’infrastructures dans l’ensemble du pays, là où les besoins sont les plus importants, et mentionne en particulier :